Amazon entre en orbite : la riposte de Jeff Bezos face à l’hégémonie de Starlink
Amazon entre en orbite : la riposte de Jeff Bezos face à l’hégémonie de Starlink

Le ciel s’apprête à accueillir une nouvelle constellation d’étoiles artificielles. Amazon, géant du commerce en ligne, franchit un cap décisif dans sa conquête spatiale avec le lancement imminent de ses premiers satellites dans le cadre du Projet Kuiper. Un programme ambitieux destiné à concurrencer la domination exercée jusqu’ici par Starlink, la filiale d’Elon Musk dédiée à l’Internet par satellite.

Conçu pour offrir une connectivité haut débit à l’échelle mondiale, le Projet Kuiper s’inscrit dans la stratégie à long terme d’Amazon pour diversifier ses activités au-delà de la logistique et du cloud. À terme, plus de 3 200 satellites viendront peupler l’orbite terrestre basse, offrant aux régions les plus reculées un accès à Internet. Un défi technologique évalué à 10 milliards de dollars, à la hauteur des ambitions de son fondateur, Jeff Bezos.

Une première salve de satellites pour poser les fondations

Le lancement inaugural est prévu ce soir, aux alentours de 19h (heure de l’Est américain), depuis le Centre spatial de Cape Canaveral, en Floride. Une fusée Atlas V, opérée par United Launch Alliance (ULA), emportera à son bord les 27 premiers satellites opérationnels. Ces derniers seront déployés à une altitude initiale de 450 kilomètres avant de gagner leur orbite définitive à 630 kilomètres, où ils effectueront un tour complet de la Terre toutes les 90 minutes.

Cette opération marque le coup d’envoi d’une série de plus de 80 lancements planifiés pour les prochaines années. Amazon prévoit de faire appel à différents prestataires pour mener à bien cette campagne spatiale, dont ULA, Arianespace, SpaceX — ironie du sort — et Blue Origin, l’autre entreprise spatiale fondée par Bezos.

Un projet industriel et stratégique

Contrairement à Blue Origin, le Projet Kuiper est directement lié à Amazon, et bénéficie de ses ressources techniques et logistiques. Le centre opérationnel basé à Redmond, dans l’État de Washington, supervisera la gestion de la constellation une fois les satellites en orbite.

Rajeev Badyal, vice-président du Projet Kuiper, a affirmé que ces engins représentent une prouesse technique : « Nous avons conçu certains des satellites de communication les plus sophistiqués jamais réalisés. Chaque lancement renforcera notre réseau, tant en capacité qu’en couverture. »

Cette première mission, baptisée KA-01 (Kuiper Atlas 1), marque une étape fondatrice. En octobre 2023, Amazon avait testé deux prototypes. Aujourd’hui, il s’agit de modèles pleinement fonctionnels, destinés à bâtir une infrastructure mondiale.

Un duel de titans dans l’espace

La confrontation entre les deux milliardaires les plus influents de la tech prend ainsi une nouvelle dimension. Elon Musk a une longueur d’avance avec plus de 6 000 satellites Starlink déjà en service, et une offre commerciale active dans plusieurs pays. Son système repose sur les fusées réutilisables Falcon 9 de SpaceX, qui ont révolutionné l’économie des lancements spatiaux.

Mais Jeff Bezos ne compte pas rester spectateur. En lançant le Projet Kuiper, il vise non seulement à combler le fossé numérique global, mais aussi à s’implanter durablement dans le secteur spatial, tant du point de vue technologique qu’économique. L’objectif est clair : faire d’Amazon un acteur incontournable de l’Internet orbital.

Les enjeux dépassent la simple connectivité

Au-delà de la rivalité entre Bezos et Musk, ce projet s’inscrit dans une course géopolitique pour la maîtrise des télécommunications futures. La connectivité par satellite est au cœur des préoccupations stratégiques des grandes puissances et des entreprises technologiques, qui y voient un levier pour asseoir leur influence et sécuriser des revenus colossaux.

La maîtrise de l’orbite terrestre basse devient donc une question de souveraineté technologique. Amazon, en entrant dans l’arène, modifie les équilibres et stimule la concurrence. Une dynamique qui pourrait, à terme, profiter aux consommateurs du monde entier.

Vers un avenir ultra-connecté ?

La route vers une couverture planétaire est encore longue, mais les premiers pas sont posés. Le ciel de ce soir pourrait bien être le théâtre d’un nouveau chapitre de l’histoire des télécommunications. Pour Jeff Bezos, ce lancement est bien plus qu’une opération technique : c’est une démonstration de puissance et une promesse faite à des millions de personnes encore privées d’accès numérique.

Reste à savoir si le Projet Kuiper saura tenir ses promesses face à la robustesse et à l’avance opérationnelle de Starlink. Une chose est sûre : l’espace n’est plus l’apanage des agences gouvernementales. Il est devenu le nouveau terrain de jeu des géants de la tech.

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