Une journée noire. Lundi 28 avril 2025, une panne électrique d’une ampleur inédite a plongé l’Espagne et le Portugal dans le chaos. Ce mardi, les autorités espagnoles ont annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour déterminer s’il s’agit d’un acte intentionnel. Alors que la lumière revient progressivement dans la péninsule ibérique, les interrogations, elles, demeurent.
Une justice en alerte : la piste du sabotage examinée
L’Audience nationale, juridiction espagnole compétente pour les affaires graves, a officiellement lancé une enquête préliminaire. L’objectif : établir si cette coupure électrique massive pourrait relever d’un acte de cyber-sabotage ciblant des infrastructures critiques. Le juge José Luis Calama, en charge du dossier, évoque même l’éventualité d’un acte terroriste si cette hypothèse venait à se confirmer.
Dans un communiqué, le ministère de la Justice souligne la gravité de l’incident, qui a affecté l’ensemble du réseau électrique espagnol pendant plusieurs heures, provoquant des paralysies de services essentiels dans de nombreuses régions du pays.
Une réaction rapide du gouvernement
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a annoncé la création d’une commission d’enquête supervisée par le ministère de la Transition écologique. L’exécutif promet des mesures fortes : « Toutes les dispositions nécessaires seront prises pour éviter qu’un tel événement ne se reproduise », a assuré M. Sanchez, qui appelle également les opérateurs privés du secteur énergétique à assumer leurs responsabilités.
Une cyberattaque peu probable, selon les premières analyses
Malgré les soupçons, les gestionnaires des réseaux électriques, tant en Espagne qu’au Portugal, se veulent rassurants. Eduardo Prieto, directeur des opérations de Red Eléctrica Española (REE), a affirmé qu’aucun élément ne permet, à ce stade, de conclure à une cyberattaque. Le gouvernement portugais partage ce constat, évoquant plutôt une défaillance technique dans le réseau espagnol, sans lien apparent avec un acte hostile.
Une remise en service progressive
La situation, bien que spectaculaire, semble désormais maîtrisée. Selon REE, plus de 99 % du réseau espagnol avait été rétabli à l’aube, tandis qu’au Portugal, 6,2 millions de foyers sur 6,5 millions étaient de nouveau alimentés en électricité dans la nuit de lundi à mardi. La reprise a notamment été rendue possible grâce aux interconnexions européennes, notamment avec la France et le Maroc, et à la réactivation des centrales à gaz et hydroélectriques.
Des transports fortement impactés
Le secteur ferroviaire reste l’un des plus durement touchés. En Espagne, malgré la reprise du trafic sur les lignes majeures comme Madrid-Barcelone ou Madrid-Séville, plusieurs axes restent fermés. Trois trains étaient encore bloqués ce mardi matin, avec des passagers à bord, selon le ministre des Transports Oscar Puente. Dans la capitale, le métro madrilène restait hors service au moment de la publication de cet article.
Une nuit hors du temps
Les témoignages recueillis auprès des habitants racontent une soirée aussi étrange que mémorable. À Lisbonne, Nathalie, Française installée depuis trente ans, raconte une ville paralysée, sans feux de signalisation ni transports. « Il y avait un silence incroyable, comme pendant le confinement du Covid », confie-t-elle. Des voisins partageaient des bougies et une radio à piles dans un moment de convivialité improvisée. « Quand la lumière est revenue, les gens sont sortis dans la rue. C’était une véritable fête », dit-elle avec émotion.
Un impact économique difficile à chiffrer
Si les services reprennent peu à peu, les répercussions économiques restent à évaluer. Selon le quotidien El País, les premières estimations évoquent un coût inférieur à un milliard d’euros pour l’Espagne. Ce montant reste largement en deçà de la richesse produite quotidiennement par le pays (environ 4,5 milliards d’euros), mais l’événement pourrait raviver le débat sur la sécurité énergétique et la résilience des infrastructures critiques.
L’Europe sur le qui-vive
À Bruxelles, la Commission européenne a réagi rapidement. L’exécutif communautaire souhaite désormais mener une évaluation approfondie des circonstances de cette panne « d’une ampleur inédite ». La porte-parole Paula Pinho a précisé que l’Union collaborera étroitement avec les opérateurs concernés pour tirer les leçons de cet incident et renforcer les défenses contre d’éventuelles attaques futures.
Une crise révélatrice
Ce blackout géant, bien que désormais résolu dans sa dimension technique, met en lumière les fragilités d’un continent toujours plus interconnecté et dépendant de l’électricité. La sécurité énergétique redevient une priorité stratégique. Alors que l’Espagne et le Portugal tournent la page de cette journée noire, l’enquête s’annonce longue et déterminante.